Compositeurs

Heinrich Wilhelm Ernst

Violon
Piano
Orchestre
Violoncelle
Alto
Contrebasse
String ensemble
Variation
Pièce
Danse
Introduction
Étude
Fantaisie
Caprice
Duet
Finale
Nocturne
par popularité

#

2 Morceaux de salon, Op.132 Romances, Op.152 Valses3 Morceaux de salon, Op.253 Rondinos, Op.56 Études à Plusieurs Parties

A

Airs hongrois variés, Op.22

B

Boléro, Op.16

E

Elegy, Op.10

F

Fantasie brillante, Op.11Fantasie brilliante sur 'Le Prophète', Op.24Feuillet d'album

G

Grand Caprice sur 'Le Roi des Aulnes', Op.26Grand Duo Concert sur Dom Sébastien, Op.21

I

Introduction et Variations brillantes, Op.6Introduction, Caprices et finale de 'Il Pirate', Op.19Introduction, Variations et finale sur un Valse de Strauss, Op.26

L

La PrièreLe carnaval de Venise, Op.18

N

Nocturne in A-flat major (Nocturne en la bémol majeur)Nocturnes for Violin and Piano, Op.8 (Nocturnes pour violon et piano, Op.8)

P

Pensées fugitivesPolonaise, Op.17

R

Romanesca fameux (Romanesca Fameux)Rondo allemand sur des motifs d'OberonRondo Papageno, Op.20

S

Souvenir du 'Pré aux clercs'Souvenirs de l'opera 'La Juive'String Quartet, Op.26 (Quatuor à cordes, op.26)

T

The Last Rose of Summer (Le Last Rose of Summer)Thème allemand varié, Op.9Trio pour un violon (Trio pour violon non)

V

Variations brillantes sur un Thème de Rossini, Op.4Variations de bravoure sur l'air hollandaise, Op.18Variations sur 'I tuoi frequenti palpiti' de 'Niobe'Violin Concertino, Op.12Violin Concerto 'Pathétique', Op.23
Wikipedia
Heinrich Wilhelm Ernst, né à Brünn le 8 juin 1812 et mort à Nice le 8 octobre 1865, est un violoniste, altiste et compositeur morave. Un des plus grands instrumentistes de son époque, il est un des principaux successeurs de Paganini, qu’il admirait. Berlioz et Mendelssohn étaient ses amis.
Souffrant de névralgie, il a passé les sept dernières années de sa vie sans jouer de musique.
Heinrich Wilhelm Ernst est né à Brünn alors dans l'Empire d'Autriche, aujourd'hui Brno, en République tchèque. Sa famille est de la classe moyenne juive. Il prend ses premières leçons de violon avec un boulanger mélomane appelé Johann Sommer et armé de la méthode de Leopold Mozart ; puis avec un professeur de la ville, Leonhard. Enfant prodige, Ernst se produit en public pour la première fois en mars 1824, à l'âge de neuf ans. Son professeur suggère de l'inscrire à Vienne.
Dès 1825, il entre à la Société philharmonique de Vienne, pour y étudier avec Joseph Böhm d'abord (un proche de Beethoven), puis avec Joseph Mayseder. Pour la composition, il reçoit l'enseignement de Ignaz von Seyfried, un élève de Mozart, Albrechtberger et Winter, qui avait créé Fidelio. En quelques mois, Ernst se produit en public et remporte un premier prix au conservatoire.
En mars 1828, à quatorze ans, il entend jouer Paganini, de passage à Vienne. Profondément impressionné par son jeu, cette rencontre bouleversera sa vie. L'Italien a donné quatorze concerts à Vienne, si bien que Ernst assista à plusieurs, pour y observer et analyser la technique de l'interprète. Ernst a travaillé sans relâche les Caprices, notamment celui en mi majeur La Chasse, en vue d'une audition. Vint le jour. Le jeune garçon, ayant mal compris l'indication flautato placée au début de la partition, a joué toute la pièce en harmoniques ! Paganini étonné, s'exclama : « c'est un petit diable ! », et prédit un grand avenir pour le garçon.
En avril 1828, Ernst quitte Vienne pour Munich afin d'occuper un poste dans l'orchestre royal. Cependant, Paganini lui conseille d'avoir plus d'ambition. Ensuite, Ernst donne des concerts dans les villes que Paganini a visitées. Ses concerts sont appréciés, mais il reste dans l'ombre de Paganini. Cette situation provoque une dépression : il reste enfermé dans sa chambre pendant cinq jours.
Au printemps 1830, à Francfort, Ernst rencontre de nouveau Paganini. Ce jour-là au concert, Ernst joue Nel cor più non mi sento de Paganini avec une précision parfaite ce qui a stupéfié le public et Paganini lui-même. Cette composition, ainsi que la plupart des pièces de Paganini, était inédite à l'époque. Ainsi Ernst l'a apprise d'oreille aux concerts. Quelques jours plus tard, Ernst visite le maestro qui, jouant de la guitare, se lève d'un bond pour jeter le manuscrit sous un drap, disant qu'il devait protéger l'œuvre, non seulement des oreilles d'Ernst, mais aussi de ses yeux !
Les années suivantes, Ernst fait plusieurs tournées en France, où il installe sa résidence principale en 1831 ; il a dix-huit ans. Il partagea un temps un appartement avec le violoniste norvégien Ole Bull. Il restera principalement à Paris jusqu'en 1838.
En janvier 1837, âgé de vingt-trois ans, dès qu'il apprend que Paganini est à Marseille, il entreprend le voyage pour écouter de nouveau son mentor. Ernst est déterminé à apprendre les secrets complexes de l'extraordinaire technique de Paganini. Il loue une chambre d'hôtel mitoyenne de celle de Paganini, s'y cache nuit et jour pour écouter le virtuose répéter et noter ce qu'il entend. L'entreprise dut être difficile, car le virtuose ne pratiquait pas beaucoup l'instrument au cours de ses tournées ; en outre, quand il le faisait, il utilisait une sourdine. Toujours en secret, Ernst assiste à toutes les répétitions à Marseille. Il se produit finalement en concert avec Paganini. Le public s'accorde à trouver que Paganini avait surmonté le plus de difficultés techniques, mais qu'Ernst exprimait plus de sentiments dans son jeu.
Il se lie avec le pianiste hongrois Stephen Heller, fixé à Paris en 1837. Ce qui donne lieu à une œuvre de collaboration, pour violon et piano, les Pensées fugitives (pub. 1842). C'est l'époque glorieuse où il fréquente et joue avec les plus grands musiciens et compositeurs de son époque : Berlioz, Alkan, Field, Chopin, Liszt, Wagner, Mendelssohn, Clara Schumann et Joseph Joachim. Ce dernier confiera en 1864, à propos d'Ernst :
« Le plus grand violoniste que j'aie jamais entendu, il dominait tous ceux que j'ai rencontrés dans ma vie [...]. Il est devenu mon idéal d'interprète, surpassant même à bien des égards l'idéal que j'avais imaginé moi-même. »
Lorsque Joachim était enfant, Ernst avait convaincu son père – qui avait des doutes sur les talents de son fils – qu'il fallait que le violoniste en herbe prenne des cours avec Joseph Böhm pour corriger les défauts de son jeu. Cette intervention sauva la carrière d'un des plus grands virtuoses du XIX siècle.
Entre 1837 et 1850, à l'instar de Liszt ou Berlioz, il a une vie de virtuose itinérant et partout il rencontre le succès. Il parcourt l'Europe tout au long de sa vie d'artiste pour y donner des concerts, jouant ses compositions en Allemagne, en Hongrie, en Autriche, en Hollande (1837 et 1841), en Pologne (1842), en Scandinavie et en Angleterre (1842–43), en Russie (1847–49), Moscou, Riga...
Ernst jouait également l'alto, comme son mentor italien aimait à le faire. Il a joué Harold en Italie de Berlioz à plusieurs reprises, notamment le 1 septembre 1842 à Bruxelles, sous la direction du compositeur. Berlioz et Ernst gardèrent d'étroites relations, se rencontrant même par hasard en Russie. Berlioz aimait les qualités de l'artiste et le charme de l'homme plein d'humour :
« J'insiste donc là-dessus : Ernst, le plus charmant humoriste que je connaisse, grand musicien autant que grand violoniste, est un artiste complet chez qui les facultés expressives dominent, mais auquel les qualités vitales de l'art musical proprement dit ne font jamais défaut. Il est doué de cette rare organisation qui permet à l'artiste de concevoir fortement et d’exécuter sans tâtonnements ce qu'il conçoit ; il cherche le progrès, et use de toutes les provisions de l’art. Il récite sur le violon de beaux poèmes en langue musicale, et cette langue, il la possède complètement. »
À la même époque Berlioz, en journaliste et musicien, rend compte de son impression concernant le Concerto Pathétique de Ernst :
« Le concerto en fa dièse mineur qu’Ernst nous a fait entendre pour la première fois, et qu’il écrivit à Vienne il y a cinq ans, est une œuvre magistrale, au double point de vue de la composition symphonique et de l’art spécial du violon. Il présente des difficultés immenses et plus redoutables cent fois qu’aucunes de celles dont peuvent être hérissées les œuvres du même genre qui l’ont précédé. Ce sont toutefois des difficultés émouvantes et qui n’ont pas seulement pour but d’exciter l’étonnement. L’auteur les a surmontées avec un aplomb parfait et une fougue dramatique entraînante. Il se sentait sûr de lui-même et en présence d’un auditoire sympathique : condition indispensable pour la plupart des virtuoses d’une nature impressionnable, nerveuse, poétique comme la sienne, et qui se rencontre trop rarement. Dans ce concerto, le dernier trait en octaves, où la force de sonorité des deux cordes doit aller en croissant, au fur et à mesure que le solo approche de l’explosion de l’orchestre, a produit sur l’assemblée cette sorte de frissonnement que font naître seulement les choses vraiment nouvelles, hardies jusqu'à la témérité, et rendues avec un bonheur stupéfiant. »
Au cours d'une tournée parisienne, en 1852, il rencontre sa future épouse pour la première fois : l'actrice et poétesse Amélie-Siona Lévy, protégée de Théophile Gautier. Accompagnés de la mère, Amélie et Ernst effectuent une tournée en Suisse et dans le sud de la France. Ils se marient en 1854.
Après 1844, Ernst a vécu surtout en Angleterre, où il s'installe en 1855, rejoignant notamment le Beethoven Quartet Society de Londres en 1859. Il y jouait principalement les quatuors de Beethoven avec Joseph Joachim, Henryk Wieniawski et Alfredo Piatti, « l’un des plus grands quatuors de l’histoire ».
En juillet 1857, sa névralgie incurable devient plus aiguë et l'empêche presque complètement de jouer. Dès lors, il est souvent déprimé, s'amaigrit et doit lutter avec d'atroces douleurs. La situation matérielle se dégrade et bien qu'il en ait gagné beaucoup, l'argent manquait (il l'avait généreusement distribué à la famille, à des amis ou à d'autres bonnes causes). Heureusement, Brahms, Joachim, Wieniawski, Hallé et d'autres musiciens ont monté des concerts en faveur du musicien.
Dès 1858, il se retire à Nice, où il passe les sept dernières années de sa vie, entrecoupées de séjours à Vienne, Brünn (Brno), un voyage à Londres (en juin 1864) et quelques cures dans le vain espoir d'un remède. Ernst prend le temps de composer ses dernières œuvres. Par exemple les Études polyphoniques et un quatuor à cordes. En 1862, il achève un Quatuor à cordes de Mendelssohn.
En 1860 naît son fils, Alfred (1860-1898), qui deviendra musicologue et spécialiste de Richard Wagner.
Ernst, âgé de cinquante-trois, est mort le 8 octobre 1865. S'étant converti au catholicisme, il est enterré au cimetière du château, à Nice.
Ernst jouait sur deux Stradivarius : un instrument 1726 aujourd'hui nommé « Ernst / Plotenyi » et un autre de 1709, nommé « Lady Hallé / Ernst » (Instruments de Stradivarius). Il possédait aussi un archet Tourte, plus tard transmis à Joachim.
Le catalogue de Heinrich Wilhelm Ernst comporte seulement 26 numéros, surtout destinés au violon et des pièces sans numéros. L'œuvre la plus célèbre étant sans conteste le « Grand Caprice » pour violon solo, opus 26 « Le Roi des Aulnes » d'après l'œuvre éponyme de Schubert. Cette pièce est l'un des summum de la difficulté technique du violon.
L' « Élégie » et le « Carnaval de Venise » étaient sans doute les deux des pièces les plus populaires du XIX siècle.