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Compositeurs

Missa Salisburgensis

Compositeur: Biber Heinrich

Instruments: Voix Soprano Alto Ténor Basse Mixed chorus Organ Orchestre

Tags: Messe Musique religieuse

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Wikipedia
La Missa Salisburgensis (ou Messe de Salzbourg) est une messe à 53 voix, vocales et instrumentales, représentant ainsi l'un des sommets de la musique polyphonique baroque, dépassant en complexité contrapuntique et en richesse acoustique le Spem in alium de Thomas Tallis à 40 voix.
Longtemps considérée comme une œuvre anonyme, attribuée à Orazio Benevoli puis à Andreas Hofer, la Missa Salisburgensis est reconnue aujourd'hui comme l'un des chefs-d'œuvre du compositeur Heinrich Biber. Elle a été intégrée au catalogue de ses œuvres sous le numéro C app.101.
D'abord considérée comme une œuvre anonyme, la Missa Salisburgensis a été redécouverte au début du XX siècle, publiée en 1903 par Guido Adler. La partition, de dimensions considérables sur manuscrit (57 × 82 cm), fut attribuée à Orazio Benevoli, en supposant que l'œuvre avait été commandée à Rome par le prince-évêque de Salzbourg pour l'inauguration de la cathédrale Saint-Rupert construite par Santino Solari, en 1628. L'examen de l'encre du manuscrit, réalisé par un copiste, établit ensuite que la messe devait avoir été composée vers 1680.
Par la suite, l'attribution de la messe à Andreas Hofer ou Heinrich Biber fut longtemps sujette à caution : le musicologue Eric Thomas Chafe établit qu'en termes d'« écriture et d'emploi des forces vocales et instrumentales » la partition pouvait encore être attribuée à Hofer, « quoique de manière moins plausible ». Ce sont des considérations stylistiques qui ont permis au musicologue autrichien Ernst Hintermaier d'établir définitivement la Missa Salisburgensis parmi les chefs-d'œuvre de Biber.
La Missa Salisburgensis est composée pour un ensemble de huit « chœurs », séparés dans l'espace de la cathédrale :
Les cinq parties traditionnelles de l'ordinaire de la messe sont présentes, suivies d'un motet ou hymne de célébration monumental, Plaudite Tympana, de même effectif que la messe. Selon l'usage en vigueur à la cour de Salzbourg, le Credo est précédé et suivi de Sonates instrumentales, ce qui porte le nombre de mouvements à huit, dans certains enregistrements.
À titre d'exemples, Ton Koopman choisit d'encadrer le Credo avec la Sonata a 7 pour six trompettes, timbales et orgue (C.111) et la Sonata Sancti Polycarpi a 9 (C.113). Reinhard Goebel et Paul McCreesh encadrent ce même mouvement avec les sonates XII et V des Sonatæ tam aris quam aulis servientes (C.125 et C.118).
Plaudite tympana, Clangite classica, Fides accinite, Voces applaudite Choro et jubilo Pastori maximo. Applaude patria, Rupertum celebra. Plaudite tympana, (etc.) Felix dies ter amoena, Dies voluptatum plena, Qua Rupertum celebramus, Qua patronum honoramus, Dies felicissima. O læta gaude patria, O læte plaude gens, Ruperti super sidera Triumphat alta mens. In angelorum millibus In beatorum plausibus triumphat alta mens. Vive Salisburgum, gaude, Magno patri ter applaude In tympanis et vocibus, In barbitis et plausibus. Vive Salisburgum, gaude, Magno patri ter applaude Rupertum celebra, Pastori jubila. Plaudite tympana, (etc.)
Frappez vos tambours, Faites retentir vos trompettes, Chantez à l'unisson, fidèles âmes, Célébrez de vos voix, En chœur et pleins d'allégresse, Le berger suprème. Applaudissez la patrie, Glorifiez Saint Rupert. Frappez vos tambours, (etc.) Jour heureux, jour trois fois charmant, Jour plein de délices Où nous célébrons saint Rupert, Où nous honorons notre saint patron, Jour heureux entre tous. Ô patrie plaisante, réjouis-toi, Ô peuple joyeux, applaudis, Par-delà les étoiles triomphe L'antique sagesse de Rupert. Parmi les myriades d'anges, Sous les approbations des bienheureux Triomphe l'antique sagesse. Prospère Salzbourg, réjouis-toi, Applaudis trois fois ton auguste père Sur les tambours et de tes mille voix, Sur les luths et en tapant des mains. Prospère Salzbourg, réjouis-toi, Applaudis trois fois ton auguste père, Glorifie Saint Rupert, Jubile pour ton berger. Frappez vos tambours, (etc.)
La Missa Salisburgensis est une composition polychorale mettant en jeu une spatialisation des chanteurs solistes et des effectifs vocaux et instrumentaux dans la Cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg, où l'œuvre fut vraisemblablement créée le 18 octobre 1682 pour célébrer le 1100 anniversaire de la fondation de l'archevêché de Salzbourg, « la cérémonie sans doute la plus importante que Salzbourg ait jamais fêtée au cours de son histoire ».
Cette cérémonie donna lieu au déploiement d’une pompe alors habituelle en Europe pour ce genre de circonstance, dont on peut encore admirer des effets dans les vitrines des musées : vaisselle en argent ouvragé, coupes en verre et calices en or, vêtements de parade rehaussés de soie et d’argent, sabres, coiffures et chaussures représentant des années de travail dans les ateliers des monastères et dans les échoppes d’artisan, dont les frais étaient couverts par un « tiers état » qui assistait à l’événement muet d’admiration pour ensuite apporter sa « contribution » financière pendant des dizaines d’années.
En plein apogée de l'ère baroque, où rien ne comptait plus que le privilège de l'âge, l'ancienneté de l'archevêché-principauté de Salzbourg avait de quoi faire des jaloux : « le Saint-Empire romain germanique lui-même ne faisait pas le poids ! » Salzbourg trônait à la première place, l'emportait sur la dynastie impériale des Habsbourg et, à l'intérieur de ses frontières, s'appliquait à faire régner un ordre qui fût digne de son rang : nulle part ailleurs le principe cuius regio, eius religio (« Tel prince, telle religion ») n'était appliqué de façon plus stricte, et nulle part ailleurs on ne vit une société superstitieuse au point de faire la chasse aux sorcières la veille de la cérémonie.
Eric Thomas Chafe considère que la gravure de Melchior Küsel représente le concert inaugurant cette célébration, soit la première audition en public de la Missa Saliburgensis.
La Missa Salisburgensis est composée en ut majeur, du fait de la présence des dix clarini, ou trompettes naturelles (sans pistons) en ut. Paul McCreesh estime que l'on peut regretter « l'omniprésence — inévitable — de la tonalité des trompettes », reconnaissant qu'« une audition plus attentive révèle cependant une facture très subtile, une abondance de motifs de basse obstinée, un caractère simple et populaire dans une grande partie du matériau mélodique et des associations de motifs novatrices dans le Benedictus et l'Agnus Dei, ainsi que les chocs occasionnels de changements harmoniques qui ressortent d’autant plus qu’ils interviennent dans un somptueux festin d'ut majeur » :
Tous les instruments ont à jouer des sections en solo, à l'exception des deux hautbois qui doublent systématiquement d'autres parties. Cette distinction est à l'origine d'une confusion, qui présente parfois l'œuvre comme composée pour 54 voix.
Les deux chœurs in concerto (pour voix solistes, en style concertant) et in cappella (en ensemble polyphonique) totalisent seize lignes vocales, soit « le double des dimensions habituelles des œuvres pour double chœur à huit voix traditionnellement présents dans la cathédrale ». Cependant, en plusieurs endroits de la partition, le compositeur réduit ce nombre aux quatre voix d'un chœur traditionnel (SATB) et use des groupes instrumentaux avec un sens des contrastes et de l'équilibre acoustique :
Il ne subsiste qu’un exemplaire des deux gravures réalisées à l’occasion de la cérémonie de 1682, « parce que ce genre d’œuvres étaient autrefois simplement collées au mur ». Ainsi, « c’est sans doute également à la poubelle qu’atterrirent le manuscrit et le matériel d’exécution de la Messe de Salzbourg ; seule la partition d’orchestre, réalisée par un copiste professionnel, a survécu et est conservée dans les archives de la cathédrale de Salzbourg ».
L'unique copie de la partition échappa encore à la destruction de manière presque miraculeuse : selon une anecdote largement répandue, elle aurait pu servir à un épicier de Salzbourg pour envelopper les légumes qu'il vendait, au XIX siècle.
Selon Paul McCreesh, « Tel l'Everest dominant ses contreforts, la Missa Salisburgensis surplombe l'univers de la musique polychorale et représente le nec plus ultra dans l'expression sonore et spatiale du pouvoir divin et politique ».